Les Crypto-monnaies contre le système !
Partie I : Qui est l'ennemi ?
La Révolution Bitcoin
Tout a commencé avec une publication de Satoshi Nakamoto. Juste après avoir publié son concept de monnaie de pair-à-pair (P2P Peer-To-Peer currency), il créa le premier protocole Blockchain en 2009 et le Bitcoin.
Son identité reste et restera sans doute un mystère, et il est difficile de dire exactement pourquoi il a décidé de créer cette nouvelle technologie (sans doute parce qu'il en a eu l'idée) et plus particulièrement pourquoi il a décidé de l'utiliser pour y adosser un nouveau type de monnaie (là, les réponses sont moins évidentes). Le contexte de la crise financière de 2007-2008 peut nous aider à deviner ses intentions. Il nous a aussi laissé quelques indices dans son article.
Il y a pour commencer les objectifs (changements souhaités) explicitement mentionnés dans son article :
- La confiance : On ne peut faire confiance aux banques pour conserver le registre financier (comptable) pour toutes les personnes sur Terre. Leur système autorise la modification d'une transaction longtemps après son exécution. Le solde des comptes n'est connu que par eux, et il est totalement impossible de savoir s'il y a eu des altérations sur un quelconque compte. Le système est complétement opaque, et de la transparence naît la confiance.
- La discrétion et la vie privée : Une autre intention claire de Satoshi est de laisser les personnes disposer de leur argent comme ils l'entendent, et non selon les lois d'un gouvernement ou d'une quelconque entité. Cela permet de gagner et de dépenser de l'argent comme on l'entend, sans être affublé d'un quelconque qualificatif comme l'argent sale.
Mais il y a tout ce que le Bitcoin modifie de manière implicite :
- La création monétaire : Le Bitcoin redonne (en théorie) au Peuple le pouvoir de frapper monnaie. Il interdit le prêt via la création monétaire ex nihilo, toujours en théorie. Il devient obligatoire de gagner de l'argent avant de le prêter ou de le dépenser. Il ne peut plus y avoir de dettes astronomiques non remboursables dans une économie Bitcoin. Tous ces points là, bien que communément admis, ne sont pas tout à fait vrais, nous y reviendrons plus tard.
- Les acteurs économiques : Les Banques centrales n'ont plus de raison d'exister, les banques d'investissement et commerciales sont réduites à un rôle de conseil uniquement. Les gouvernements n'ont plus aucun contrôle sur les avoirs de leurs citoyens et les impôts peuvent devenir compliqués à lever.
Toutes ces modifications qu'entraîne le Bitcoin sont des faits, mais le mystère entourant le personnage de Satoshi Nakamoto et l'absence d'un quelconque réel manifeste politique laissent la voie libre à tout type d'interprétation quant à ses objectifs réels.
Les menaces potentielles pour les crypto-monnaies
Comme nous venons de le voir, le Bitcoin (et plus généralement les crypto-monnaies) implique un changement de paradigme dans notre vision de l'argent : annihiler la monnaie-dette, renforcer (ou plutôt créer) la transparence financière, remplacer un grands nombre d'acteurs financiers, accroître la liberté monétaire. Et cela ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Étudions maintenant, au vu des différents changements que provoquent les crypto-monnaies, quels peuvent être les ennemis potentiels à leur développement et la perception habituelle de leur rôle dans le système actuel. Puis nous essaierons de voir s'ils sont réellement des ennemis mais surtout lequel est le plus dangereux.
Les Gouvernements
Rappelons que les États sont une construction sociale, faits dans le but d'organiser un territoire dans l'objectif de faire vivre en commun des personnes différentes sur celui-ci. Les dérives totalitaires, autoritaires, la censure, la spoliation, etc... ne sont que des manifestations d'une mauvaise organisation (manque de transparence, de démocratie, ...) et ne sont pas des propriétés inaliénables d'un état.
Ils ont besoin de percevoir l'impôt pour survivre et les crypto-monnaies peuvent rendre cette tâche très difficile (dans leur forme actuelle, car c'est malheureusement un avantage des crypto-monnaies évident et qui attire énormément, alors qu'il est tout à fait envisageable que les monnaies fiat soient remplacés par les crypto-monnaies et de toujours payer des impôts). Ils établissent aussi les lois (notamment celles qui concernent comment vous avez le droit de disposer de votre argent, en décidant de la légalité ou de l'illégalité des choses) et avec les crypto-monnaies, on leur enlève donc une partie de leur pouvoir.
Les Banques Centrales
Avec les crypto-monnaies, elles disparaissent complètement, ou deviennent des coquilles vides. Elles créent la monnaie, contrôlant ainsi la totalité de l'économie nationale (voire transnationale pour les plus importantes comme la Réserve Fédérale ou la Banque Centrale Européenne). Elles sont le noyau communiste indispensable à la survie du système capitaliste, et sont les plus grandes perdantes en cas d'adoption massive des crypto-monnaies.
Les banques du secteur privé
Elles vendent des services financiers et prennent une commission pour cela. Ce premier point ne changera pas avec les crypto-monnaies. Mais elles sont aussi en charge d'une partie de l'émission monétaire en prêtant à des particuliers, des entreprises ou des états. Ce second rôle disparaît avec l'avènement des crypto-monnaies.
Le seul et unique ennemi méritant notre attention
C'est l'heure pour un petit brainstorming, qui est l'ennemi réel des crypto-monnaies ?
La première réponse venant à l'esprit de la majorité des gens est l’État (les gouvernements), car il perd sa capacité à faire les lois, à récolter les impôts et à créer de la monnaie. Tout ceci est faux, mais le manque d'éducation sur le système actuel pousse les gens à se tromper d'ennemi. Il faut aussi mentionner que le monde anglo-saxon considère les taxes comme la pire chose qui soit (contrairement à la pensée européenne, qui accepte les taxes si celles-ci sont utilisées pour améliorer le bien-être collectif). Les gouvernements ne sont pas l'ennemi des crypto-monnaies et pourraient même devenir leur plus grand allié, mais changer l'état d'esprit des décideurs étatiques prendra longtemps, car il faut se rappeler qu'une administration n'a pas d'autre but que de survivre (se perpétuer) et chaque changement qui semble menacer son existence ou modifier le status quo est long et compliqué à assimiler.
Pourquoi le gouvernement n'est pas un problème ? "Je pensai que c'était l'incarnation du Mal."
- Il ne prend pas part au processus de création monétaire. Les banques centrales font marcher la planche à billets (même s'il n'y a ni planche, ni billets, mais juste des chiffres et des ordinateurs). Les banques centrales sont des sociétés privées, à cause du principe d'indépendance, et elles n'ont aucun lien avec les états. Elles ont des actionnaires, qui sont souvent les mêmes que les actionnaires des grosses banques d'investissement. Ce ne sont pas, contrairement à la croyance populaire, les gouvernements et les banques centrales qui marchent main dans la main, mais les banques centrales et les banques d'investissement. Donc, mettons les choses au clair une bonne fois pour toutes : les états ne créent pas la monnaie, ce sont des sociétés privées qui le font.
- Les gouvernements ne sont plus des "super-puissances", même si cela nous paraît être la cas. En réalité, les états sont une puissance sur le déclin, des créatures suffocantes, étouffées par le poids d'une dette non remboursable qui ne cesse de croître. Et chaque année, leurs créanciers les poussent à abandonner une partie de leur pouvoir pour qu'à terme, la loi du marché soit la seule en vigueur.
Donc les banques du secteur privé seraient nos véritables ennemis ? "Comment ça ?"
Ce sont celles qui profitent réellement du système actuel, et non les gouvernements (même s'ils en profitent un peu via la corruption). Osons citer quelques noms ici pour être tout à fait clairs : Les Rothschild, les Rockefeller (pour les plus connus, et les plus symboliques) mais aussi Morgan, Lazard, Loeb, Schiff, Kohn, et j'en oublie.
Ce sont ces gens qui possèdent les banques centrales, qui créent de la monnaie ex nihilo et la prête avec intérêt. A qui prêtent-t-ils cet argent ? A leurs propres banques d'investissement (comme Goldman Sachs, JP Morgan pour ne citer que les plus visibles et connues), et non directement aux gouvernements. Ce sont ces banques du secteur privé qui ensuite prêtent aux États, se faisant une belle commission au passage ainsi qu'une rente dite de monopole. Imaginez emprunter des montants infinis à 0.5% l'année et le prêter à 1.5%, ne seriez-vous pas heureux ? Et tout ça avec virtuellement aucun risque, car oui, prêter aux États ne présente en théorie aucun risque : c'est votre argent durement gagné qui sert de garantie pour l'emprunt.
Mais ça change beaucoup de choses !
Oui, je ne vais pas vous mentir.
Et quand on regarde les chiffres, cela devient évident. Sans cette dette à rembourser à des banquiers véreux, de nombreux États pourraient diminuer les impôts ou augmenter les prestations sociales. Et quand on y pense bien, l'idée de taxe n'est pas mauvaise :
Cela vous gêne-t-il de payer des impôts pour la Sécurité Sociale ?
Cela vous gêne-t-il de payer des impôts pour l’Éducation ?
Cela vous gêne-t-il de payer des impôts pour l'Assurance Chômage ?
Et la liste continue...
Conclusion
Maintenant que nous savons qui est le véritable ennemi des crypto-monnaies, il est l'heure d'une petite introspection et de nous intéresser aux crypto-monnaies elles-mêmes. Sous leur forme actuelle, sont-elles capables de changer le système ? Ou sont-elles uniquement capables de le perpétuer, avec au mieux, quelques changements de noms et de visages ?
C'est ce que nous verrons dans la prochaine partie.
Merci de m'avoir lu et à très bientôt !
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