Aujourd'hui, je vous propose de plonger dans un bain de brouillard !
C'est qui ? Ann Veronica Janssens est une plasticienne belge, elle est née en 1956 à Folkestone (Royaume-Uni) et a grandi à Kinshasa (actuelle capitale de la République démocratique du Congo).
C'est quoi ? C'est Fin, léger, impalpable, transparent...
Ann Veronica Janssen, Aerogel, 2003.
Regardez cette petite sculpture incroyable, réalisée avec un matériau extrêmement léger puiqu'il est constitué d’une proportion d’air qui oscille entre 99,5 et 99,9%. Il est également translucide comme un brouillard.
Souvenir d'enfance
« Je n’étais pas obligée d’aller à l’école, donc j’ai passé beaucoup de temps à ne rien faire ou à bricoler. Pendant des jours, des mois et des années, j’ai observé le lever du jour et le coucher du soleil, les mouvements de la lumière sur l’eau, dans le ciel ; j’ai beaucoup traîné dans les rues, mais aussi au Musée de Kinshasa où il y avait des œuvres d’arts premiers… Par ailleurs, mon père étant architecte, j’ai assez souvent fréquenté des chantiers. Ma mère a quant à elle travaillé dans une galerie d’art, donc j’ai eu la chance, plus tard, de rencontrer énormément d’œuvres d’art. Je pense que l’observation, entre autres, de tous ces phénomènes lumineux et le rapport à l’architecture m’ont vraiment aidée à grandir et à développer un travail plus tard. »
Propos extraits de l’interview vidéo réalisée par le Musée danois Louisiana
Ann Veronica Janssens, Mukha, Anvers, 1997. Collection 49 NORD 6 EST – Frac Lorraine.
Le travail d' Ann Veronica Janssens m'intéresse car il s’appuie sur une expérience sensorielle, c'est une démarche sur la rencontre du corps et de l’espace.
Dans ses installations autour de la perception de l'espace, le spectateur est littéralement inondé dans un bain lumineux et sonore. Elle sollicite nos sens à travers la lumière, la couleur, et le son. Dans une approche similaire de la lumière, Ann Veronica Janssens s'intéresse à ce qui lui échappe non pas pour arrêter cette échappée mais pour expérimenter « l'insaisissable ».
Les propositions plastiques qu'elle nous offre sont d'une certaine manière de véritables laboratoires. Son travail fondé sur des faits scientifiques nous entraîne dans des expériences actives de perception. Elle nous explique que dans son oeuvre, la lumière n'est ni condition, ni instrument, mais le sujet même de son travail. La couleur (tamisée, éclatante, hypnotique), la fumée (épaisse, tactile), l’espace (transparent, organisé, réarrangé)… sont autant d’éléments qui se mettent au service de son expérimentation.
D'ailleurs, elle l'explique ainsi :
« Ces expériences suscitent en nous des formes et des lumières intenses qui existent de façon latente ou éphémère.
Ce sont des effets momentanés qui pourraient être comparés à ceux produits par l’influence d’une drogue. Il s’agit de provoquer l’expérience de l’excès, du dépassement des limites. Les situations d’éblouissements, de rémanence, de vertige, de saturation, de vitesse, d’épuisement, m’intéressent car elles nous permettent de nous structurer autour d’un seuil d’instabilité visuelle, temporelle, physique et psychologique. »
Texte extrait de Ann Veronica Janssens 8’26, Nathalie Ergino, Anne Pontégnie, Ann Veronica Janssens, ENSBA / MAC, Paris, 2004.
Dans le cadre de son exposition au Wiels à Bruxelles elle n'hésite pas à flirter avec l'excès. Éblouissements, bombardements lumineux, persistances rétiniennes, sons infinis... cohabitent dans son travail. Elle repousse ainsi nos limites sensorielles.
Ann Veronica Janssens, Installation au Wiels, photo Patricia Mathieu
Préparation de la scénographie pour la compagnie Rosas par Ann Veronica Janssens en 2008
Pour aller plus loin
ttps://vimeo.com/216809695
En guise de conclusion je vous raconte ►
Une petite anecdote d'enfance :
Je me souviens encore attendre le soir, avant de m'endormir, luttant contre la fatigue, regardant fixement les motifs floraux du papier peint, un drôle de phénomène vaporeux : les fleurs semblaient se décoller du mur pour flotter dans la pièce et je baignais dans cette douceur atmosphérique. Ce monde flottant qui avait empli la chambre s'évanouissait inévitablement dans l'obscurité.